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On line, 25 Fev 2003, 16:29h

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E.A.T. COMPETITION FOR ARTISTS AND ENGINEERS (1967 ­1968) 

The Machine: As Seen at the End of the Mechanical Age

par Sylvie Lacerte

Le New York Times fit paraître, dans son édition du dimanche 12 novembre 1967, líannonce suivante :

" EXPERIMENTS IN ART AND TECHNOLOGY

ANNOUNCES A

COMPETITION FOR ENGINEERS AND ARTISTS

AND

REQUESTS SUBMISSION OF WORKS OF ART MADE IN COLLABORATION

TO BE SELECTED FOR AN EXHIBITION AT

THE MUSEUM OF MODERN ART, NEW YORK CITY " 1

Cíest à la demande du Musée díart moderne de New York, que E.A.T. publia ce message en prévision de líexposition The Machine : As Seen at the End of the Mechanical Age pour laquelle Pontus Hultén, alors directeur du Moderna Museet à Stockholm, fut désigné en tant que commissaire. Le fil conducteur de líexposition, échafaudé à partir díun retour historique sur la machine, síappuyait sur un corpus díúuvres et díobjets dont la particularité était díoffrir des commentaires " sur la machine et le monde mécanique ", de Leonardo à Tinguely et Rauschenberg, en passant par Bugatti. Dans le catalogue de líexposition, Hultén soulignait, dans son texte très fouillé sur líévolution de la mécanique depuis les Grecs anciens, que líhomme avait souvent pris pour acquis líutilité de la machine lorsque celle-ci était entrée dans les múurs de la société qui en faisait líusage. Par cette exposition, il souhaitait mettre lumière que les inventions mécaniques, peu importe líépoque de leur conception, furent généralement le fait díhommes visionnaires et quíelles créèrent immanquablement des réactions à la fois alarmistes et messianiques. Hultén remit donc en perspective la notion que les inventions díhier, jugées extraordinaires au moment de leur création, pouvaient perdre rapidement tout intérêt. Sa stratégie fut de recontextualiser, dans líhistoire, la présentation des úuvres et des objets de líexposition. Il fit appel à E.A.T., qui par son savoir-faire techno-artistique, lancerait un concours dont líissue permettrait de présenter les dernières úuvres " technologiques ", fruits de collaborations díéquipes composées díartistes et díingénieurs. Les úuvres lauréates du concours viendraient, en quelque sorte, clore le parcours de líexposition et celui de líâge mécanique.
 
 

Préalablement aux délibérations du jury, qui dut considérer cent-quarante projets en provenance de plusieurs pays, Hultén avait déjà sélectionné, à partir des collaborations soumises au concours, les neuf úuvres " technologiques " quíil souhaitait inclure à son exposition. À sa grande surprise, les projets auxquels le comité attribua les trois premiers prix, figuraient parmi les neuf quíil avait lui-même choisis. Mais, en fait, le concours síadressait surtout aux ingénieurs, bien que le projet pouvait naître de líinitiative díun artiste ou díun ingénieur. Aussi, le jury níétait formé que de scientifiques et díingénieurs " who are not necessarily familiar with contemporary art. " 2 Il fut entendu díentrée de jeu que les prix seraient octroyés exclusivement aux ingénieurs, même si le jury admit que le résultat des projets níaurait pu être atteint par la seule participation de líingénieur. 3

Un premier prix de trois mille dollars fut attribué à Ralph Martel, ingénieur américain, pour sa collaboration avec l'artiste français Jean Dupuy, pour leur pièce Heart Beats Dust, une sculpture dont líélément essentiel comportait de la poussière contenue dans un caisson de verre, rendue visible par un faisceau lumineux de forte intensité. 

Deux second prix de mille dollars chacun furent remis respectivement à Frank T. Turner, ingénieur américain qui faisait équipe avec Wen-Ying Tsai, artiste et ingénieur américain díorigine chinoise, pour leur pièce Cybernetic Sculpture, une sculpture, fondée sur le principe du mouvement " harmonique ", réactive à la voix des spectateurs dont les ondes transmises à des tringles métalliques et captées par des faisceaux stroboscopiques créaient une " vague verticale " (standing wave) ; et à líingénieur américain Niels O. Young pour líúuvre Fakir in * Time, une fontaine mécanique, imitant le tour de la corde du fakir indien, conçue de concert avec líartiste américaine Lucy Jackson Young. 4

Les six autres équipes choisies par Hultén furent : 

    • Hillary Harris, artiste américaine et James Macauley, ingénieur écossais pour Arm. Sculpture cinétique comprenant cinq éléments. Chacun des éléments pouvait être articulé indépendamment des autres. Matériaux : aluminium anodisé, alliage díaluminium, moteurs, équipement électronique ; 55íí haut x 21íí large x 16íí profond; rayon maximal du bras 55íí;
    • Lillian Schwartz, artiste américaine et Pier Biorn, ingénieur danois pour Proxima Centaurii. Sculpture, composée díune base rectangulaire (un réservoir) sur le dessus de laquelle était déposée une sphère sensible aux mouvements du spectateur et qui la faisait changer de couleur en fonction de la proximité de celui-ci. Matériaux : plastique, réservoir, diapositives, projecteur, moteurs, équipement électrique; base 55íí haut x 30íí large; sphère 30íí de diamètre ;
    • Robin Parkinson, artiste américain et Eric Martin, ingénieur américain pour Toy-Pet Plexi-Ball. Cette pièce, qui " a trois yeux et une oreille qui réagissent à la lumière et au son ", était constituée de plexiglass, díéquipement électrique, díun moteur, díun microphone, díun sac en fourrure synthétique et díune sphère de 11íí de diamètre ; 
    • John Williams Anthes, artiste américain et Tracy S. Kinsel, ingénieure américaine pour ELLI. Une " sculpture dématérialisée " comprenant des rayons laser à líhélium et au néon, des miroirs, une cible, des haut-parleurs, des dispositifs électriques et électroniques, 51íí haut x 26íí large x 26íí profond ; 
    • Leon D. Harmon, artiste américain et Kenneth C. Knowlton, ingénieur américain pour Studies in perception, I. Photographie traitée numériquement, 30 x 60íí;
    • Richard Fraenkel, artiste américain et Jeffrey Raskin pour Picture Frame. Dessin à líencre sur un cadre en papier gaufré, 12* x 14 *íí.
Pour ne pas pénaliser les artistes, ou priver le public de líinventivité de tous les projets soumis au concours, Billy Klüver, monta sous líégide de E.A.T., une exposition contenant toutes les úuvres non retenues pour The Machine. Cette exposition intitulée Some More Beginnings : An Exhibition of Submitted Works Involving Technical Materials and Processes fût présentée concurremment à celle du MoMA, au Brooklyn Museum of Art. Tout comme The Machine, elle intéressa un public nombreux. Quant à la critique, ses commentaires sur Some More Beginnings furent plutôt tièdes, considérant quíart et technologie ne faisaient pas toujours bon ménage.

En revanche, líexpérience fut relativement concluante pour E.A.T. et suscita beaucoup díenthousiasme chez ses membres. Ce souffle occasionna un accroissement de son membership, plus particulièrement chez les ingénieurs. Ces nouvelles recrues étaient plus que bienvenues puisque E.A.T. était impliqué de plain pied dans líélaboration díun travail préparatoire et díune planification pour líobtention du mandat comportant la conception díun Pavillon commandité par Pepsi-Cola, pour líexposition universelle díOsaka au Japon, prévue pour le printemps 1970.
 


1 - Annonce du New York Times tirée du catalogue d'exposition The Machine : As Seen at the End of the Mechanical Age, (1968) New York : Museum of Modern Art, p. 198. 
2 - Op. Cit.
3 - D'autant que les deux critères utilisés pour l'évaluation des projets étaient " l'utilisation inventive et imaginative de la technologie " et " le succès de la collaboration artiste/ingénieur ". Op. Cit. p. 199
4 - À moins de mention contraire, les descriptions de toutes les úuvres ci-haut mentionnées sont tirées du catalogue The Machine. 
 

© Sylvie Lacerte & Leonardo/Olats, juin 2002 
 

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