Introduction

	Rainer Ganahl

Cette publication termine un projet de publiques consistant en six séminaires de 
lecture donnés dans six pays différents et intitulé ²Importé- un séminaire de 
lectures en relation avec ma ²bibliothèque portable (no si idéal) importée ou 
comment réinventer la table de café: 25 livres pour utilisation instantanée 
(7 versions nationales différentes)² 1993-96. [IMPORTED - A Reading Seminar 
in Relationship with my ŒA Portable (Not So Ideal) Imported Library, Or How 
to Reinvent the Coffee Table: 25 Books for Instant Use (7 different National 
Versions)¹ (1993-96)"]. J¹ai voyage en Asie, Europe et aux États-Unis avec 
des différantes bibliothèque pour donner des séminaires dans les université, 
les musées et des centres d¹art d¹une durée de un à deux mois.  Le livre est 
une continuation de mon projet  collectionnant de textes indépendants ayant 
une préoccupation commune avec le problème de l¹ IMPORT. J¹ai demandé à des 
auteurs  qui ont une relation directe avec les pays où se sont déroulés les 
séminaires pour des textes et des interviews sur l¹importations et le transfère 
culturelle et ses diverses implications sociales, géo-économiques, matérielles, 
linguistiques, idéologiques et psychologiques.  Chaque texte est reproduit dan 
sa langue originale. Ainsi, ce volume comprend des textes en langue anglais, 
russes, allemands, japonais, et français. Le rangement des auteurs sous des 
bannières nationales est partiellement incorrect, mais sert presque ironiquement 
pour regrouper les textes. Cela fait des allusion au parcours (meanderings) 
nécessaire pour accomplir ce projet de lecture.  A la fin du volume, j¹inclus 
les bibliographies des bibliothèques importées que j¹ai utilisées dans chaque 
pays. Une photographie des groupes de lectures marque chaque chapitre. Dans le 
cas de l¹autriche, où je n¹ai pas pu tenir le séminaire prévu, il n¹y qu¹une 
photographie des livres. Les lieus des séminaires ont étés choisis en fonction 
d¹invitations par des institutions et le financement était dans la plupart des 
cas fourni par les organisationes invitantes (host organizations). 

Tout comme les textes assemblés dans ce volume, le projet touche au problème des 
frontières et de l¹échange; la globalisation, le nationalisme, le tourisme, des 
langues, de la théorie, des désire, de l¹identité et de la politique. Même s¹il 
y existe déjà une vaste litérature sur ces questions, je voudrais juste faire 
quelques remarques sur ces questions et leur rapport avec la politique de la 
culture et de l¹éducation. Depuis des siècles les nations européens dominantes 
ont developpé et utilisé leurs appareils culturels et educationels comme instruments 
pour la conceptualisation, la justification et l¹enforcement d¹une hégémonie 
intérieure et exterieure par les pouvoirs en place. Cette arrogance culturelle, 
idéologique et religieuse, dans les cas les plus extrêmes, a contribué à la 
subordination brutale  à l¹étranger comme sur les sols nationaux. Aujourd´hui, 
nous nous retrouvons avec l¹héritage tragique d¹une histoire de malpresentations 
et d¹exploitations qui créent une fois de plus une infrastructure d¹abus idéale 
permettant à un ²nouvel ordre mondial² post-colonial de se developper, ²buisness 
as usual², sans besoin de recourir à l¹usage direct de la force et de la violence. 
	Les programes linguistiques et éducationels ont partout tenus une part crucial 
	dans la formation de l¹état nation au dix-neuvième siècle: ils ont permis 
	d¹homogéniser les populations et d¹anticiper, au niveau imaginaire, l¹unification 
	territorialle et politique.  Par exemple, dans le cas allemand, la Bildung 
	(éducation bourgeoise avec fort impact idéologique), a été inventée pour 
	célébrer l¹unité nationale comme idée avant qu¹elle ne devienne un état de 
	fait politique. Une langue nationale, avec sa litérature et son théatre nationaux, 
	son histoire nationale et son art national, son opéra et sa musique, fut crée, 
	developpée et instrumentalisée. Les programmes éducationels garantissaient ainsi 
	l¹existence de ce que Fichte appelait la ²frontière intérieure² (innere Grenze), 
	la métaphore signifiant d¹abord une langue nationale et sa culture. Aujourd¹hui, 
	cette métaphore est à nouveau d¹importance si nous nous rappellons les traités de 
	Schengen qui transforment l¹Europe entière en une zone frontière où policer les 
	populations, ou les récentes propositions pour une législation californienne 
	demandant le controle automatique à tout bureau d¹état, des postes aux hopitaux 
	en passant par les écoles, etc. Indépendements de ces controles panoptiques 
	évidents, directements inflluencés par des préjudices sociaux et raciaux, la 
	présence de ces ²frontières intérieures² se manifeste aussi par exemple par 
	l¹ effet des cartes de crédit et des compétences éducationelles et professionelles. 
	L¹impact énorme des avantages éducationels dans la société de l¹information 
	contemporaine est le reflet, la continuation d¹une logique de reproduction 
	sociale basée sur la restriction de l¹accés à l¹èducation aux couches dominantes 
	de la socièté. C¹est l¹education qui garantit la reproduction des hierarchies 
	sociales, tout en jouant un rôle ideologique comme outil de legitimation, de 
	naturalisation de l¹ordre etabli. Jusqu¹a la fin 19eme siecle, par exemple, 
	l¹education des noirs americains était interdite par la loi, un fait qui n¹est 
	pas sans relation avec l¹exclusivite raciale de la demographie educationelle 
	americaine aujourd¹hui. 
	L¹education n¹est pas seulement un discours de reproduction sociale, et donc un 
	fait politique, c¹est aussi un marché gigantesque. En plus d¹être  exclusives et 
	couteuses, les universités actuelles constituent une industrie qui menace de plus 
	en plus de reduire la critique elle-même à l¹etat dúne commodité. Si Kant, Humboldt 
	et leurs contemporains pouvaient concevoir une faculté philosophique dont l¹autonomie
	 critique était garantie, aujourd¹hui tout critique doit en premier trouver ses 
	 sponsors. L¹académie actuelle tend ainsi à fonctionner comme un marché, avec ses 
	 modes et ses fluctuations. Des écarts ideologiques, politiques, raciaux et 
	 sociaux-economiques s¹inscrivent aussi selon cette logique. Qu¹enseigner, à qui, 
	 dans quelle langue, dans l¹interet de quel groupe: la reponse a ces questions 
	 n¹est plus automatiquement garantie par un Bildungsauftrag d¹état, un but 
	 educationel totalisé et presuposement naturel, elle devient au contraire une 
	 querelle, un conflit necessaire qui révèle des histoires repressives et des 
	 conflits de pouvoirs auparavant presents mais cachés. Les textes compris dans 
	 la catégorie anglo-saxonne ²critical studies² sont ainsi souvent engagés dans 
	 un projet d¹analyse et de réécriture de ce genre de canons éducationels dominants, 
	 eurocentristes, heterosexistes et racialement biaisés. 
	Voyager a été pendant longtemps un privilège réservé aux gens riches et éduqués. 
	Les programmes d¹educations d¹autrefois comprenaient des voyages, quand ils ne 
	consistaient pas uniquement en voyages. S¹étendre dans le monde, conquérir, étudier, 
	controler, exploiter et représenter l¹Autre ont aussi ete la source des richesses, 
	de pouvoir, et de dominations. Une arrogance culturelle melée d¹humanisme charitable, 
	une ignorance et un sentiment de superiorite intellectuelle ont informé la majorite 
	d¹expeditions missionaires, alors que leur veritable role se jouait a un niveau 
	conceptuel et politique, dans la réecriture de la carte géographique, économique et 
	linguistique de la carte autour du globe. Le commerce d¹êtres humains (esclavage) a 
	aide à financer le mode capitaliste de production et d¹échange. La revolution 
	industrielle, il faut se le rapeller, était au commencemt fondée uniquement sur les 
	produits et les resource coloniales. Aujourd¹hui, les migrations humaines ont de 
	nouveaux noms, des pratiques et des raisons nouvelles. L¹esclave sexuel devenue 
	prostituée, l¹imigrante illegale exploitée économiquement et le touriste designent 
	des réalités différentes superposables. En fait, tout, non seulement les êtres humains, 
	voyage aujourd¹hui: travail, production, materiaux bruts, information, savoir, 
	technologies, déchèts, maladies, divinités, possessions, images, désirs, conflits, 
	toutes sortes de consomations, sont poussés, attirés, bloqués et séduit à travers 
	la planète. La mobilité, la vitesse, la compatibilité sont en train de devenir des 
	qualités propres dans les classes professionelles contemporaines, dont les académiques 
	et les artistes font aussi partie. 
	Dans la situation politique actuelle les disputes entre nations rivales pour des 
	térritoires, des colonies et leurs ressources se sont diminués. Bien plus souvent, 
	il s¹agit de négocier un réseau opaque de corporations transnationales (TNCs) dont 
	la structure de pouvoirs est bien plus difficile à localiser. Le pouvoir des TNC 
	ne privilegie pas un lieu au-dessus d¹un autre, il traverse les pouvoirs d¹états et 
	les détermination géographiques. Les TNC peuvent meme adopter la rhetorique de l¹etat, 
	puisque l¹état lui-même se tranforme de plus en plus en une simple institution 
	bureaucratique délégant ses pouvoirs et ses monopoles à des entreprises privées. 
	On privatise les prisons au même titres que les banques, les services sociaux et 
	les systemes d¹éducation. Le démembrement et l¹erosion du pouvoir de l¹état implique 
	aussi celui de ses institutions culturelles et éducationelles, puisque qu¹elles étaient 
	au coeur de sa creation. Malgré leur complicité avec le pouvoir de l¹état et les 
	desastres du nationalisme, les universités avaient aussi une fonction critique qui 
	l¹éfface maintenant, se transformant en commodité. Le modèle de la dynamique des TNC 
	consiste en opérations sans allegiances nationales, responsables et fideles uniquement 
	à la logique d¹un capital transnational, aux intérêts excusifs de ses membres et 
	actionaires. Ce modèle est aussi adopté par l¹industrie culturelle qui depend de plus 
	en plus de collaborations avec des corporations et leurs intérêts, comme dans le  cas 
	du Musée Guggenheim à New York, financé par des investisseurs étrangers qui éspèrent 
	ainsi attirer exclusivité, visibilité, et influence. En retour, le Musée s¹assure un 
	soutien financier et peut s¹extendre et ouvrir des filiales partout dans le monde. 
	L¹armée essaye elle-aussi d¹operer comme une compagnie transnationale quand elle avec 
	du materiel et des troupes de plusieurs nations, comme dans le cas de la guerre du 
	golfe et de l¹OTAN et de son expansionisme actuel. Ceci ne veut cependant pas dire 
	que nous en avons fini avec le colonialisme et les horreurs du nationalisme. En fait, 
	le contraire semble se produire: domination et exploitation s¹articulent en une logique 
	operative capable de penetrer n¹importe quel corps social. 
	Mon projet de seminaire de lecture itinérant et ses préoccupations sont aussi 
	symptomatiques, sinon complices, de la situation transnationale actuelle. Aujourd¹hui, 
	l¹industrie culturelle et ses ramifications s¹étendent dans toutes les zones 
	industrialisées de la planete. Il semble qu¹apres la réussite de la haute industrie 
	le modèle de l¹art occidental soit partout desiré et demand´ pour une touche de 
	libéralisme ((you changed it to Œradicalit´é - this would be nice... -they ;just want 
	liberalims, not radicalism))´. Positionne à l¹interieur d¹un reseau connecté, 
	relativement privilégié - le monde de la culture ­ j¹ai eu accèss à des institutions 
	et à des fonds pour poursuivre mon projet librement: des seminaires de lecture, des 
	discussions avec des gens qui eux aussi jouissent du privilège relatif et de la 
	liberté necessaires pour s¹interesser à de telles discussions. J¹ai beaucoup appris 
	en discutant des problèmes similaires, dans des  contextes et des langues differents 
	(je continue a aprendre de nouvelles langues pour mon travail artistique- Basic 
	Japanese, Korean, Russian, Modern Greek Japonais, [Coreen, Russe, Grec moderne de base], 
	etc.). Bien que tout ait été enregistré et archivé, cette introduction n¹a pas pour 
	but de représenter ou de resumer les discussions et les conflits que j¹ai rencontres. 
	Ceux-ci sont le produit d¹histoires complexes dans les contextes qui m¹ont accueillis. 
	Je veux plutôt esayer de laisser des voix liées aux lieux que j¹ai visités et les 
	sujets abordés parler pour eux-mêmes. 
	Comme ce volume ne comprend pas de traductions ce qui suit est un simple sommaire de 
	chaque contribution pour faciliter l¹acces à ces textes écrits dans des langues soit 
	disant étrangères. Leur ordre d¹apparition suit l¹itinéraire de mes ²Librairies 
	portables et importees (pas vraiment ideales)². L¹interview entre Kojin Karatani et 
	Sabu Kohso, intitulée ²Intercourse d¹idées² adresse un complexe de questions concérnant 
	la société contemporaine et la reflexion dans un contexte d¹interdépendance. Comme 
	tout pays asiatique, le Japon est constamment l¹object de malreprésentations produites 
	à l¹Ouest et même en Asie. A ces malreprésntations s¹associe une rhétorique biasée, 
	celle de l¹opposition entre ²originalité et copie², où Karatani détecte des relations 
	de force. ²La plupart des livres sur le Japon sont écrit pour satisfaire les demandes 
	d¹une représentation formée ou autour des sphères religieuses et culturelles, ou de 
	questions et d¹interets économiques et technologiques... Les domaines intellectuels et 
	éthiques sont oblitérés². La productivité de l¹analyse du modernisme fournie par 
	Karatani provient du fait qu¹il approche le probleme depuis une zone marginale. En 
	relation avec sa critique du phonocentrisme et du politique, cette interview examine 
	des aspects économiques et politiques de la langue et son instrumentalité idéologique 
	dans la constitutions de l¹état-nation et de la conscience raciale.
	Une partie des écrits de Karatani ont été traduite par Kosho qui contribue deux textes 
	à ce volume, ²Two Modes of Translation, or a Crossing Over the Pacific)² en anglais, 
	et un article légèrement différent, ²Honyaku, Mitasarenu-ai, aruiwa 
	Nihongo-o-yomo-eno-tegami² ( ²Traduction, un amour non désiré, ou lettre a vous qui 
	lisez le japonais²), en japonais. Pour Kosho, qui est né au Japon, la traduction est 
	une réalité existentielle, comme il habite à New York depuis plusieurs années. Traduire 
	entre l¹Anglais et le Japonais, dans les deux sens, est pour le traducteur ²un traffic 
	qui implique deux manières complètement différentes de penser, de jouer, de produire, 
	d¹être même... Les deux manières produisent deux personae différentes en moi². De facon 
	intriguante, Kohso lie non seulement la construction de son identité propre comme 
	identités parrallèles avec l¹acte de traduire mais aussi l¹identité japonaise en général. 
	²La traduction a toujours éte l¹outil principal pour former la nation². La théorie de 
	la traduction qu¹il développe constitue une critique sévère de son pays d¹origine, quíl 
	décrit comme ayant ²une obsession nationale pour l¹importation de cultures étrangères². 
	Sa critique est autant dirigée contre l¹économie d´¹échange japonaise que contre 
	l¹attitude biasée de l¹ouest et a sa politique de traduction quant aux textes traduits 
	du japonais: extremement peu de travail critique ²made in Japan² est traduit et circule 
	a l¹extérieur du Japon. ²Le Japon esthétique est favorisé aux depends du Japon critique...
	 Aujourd¹hui, les exportations culturelles japonaises les plus puissantes sont les 
	 logiciels de jeu électroniques et les animations. Elles reflètent à nouveau le 
	 déséquilibre du profil japonais: une superpuissance militaire et économique à la 
	 mentalité infantile (ceci dans un double sens: premièrement ces média sont 
	 originairement concu pour les enfants; deuxièment, ils représentent non pas une 
	 pensée éthique mais plutôt un courant libidineux dans le réseau techno-social)². 
	 A nouveau, la critique de Kohso se dirige dans plusieurs directions, visant aussi 
	 ce qui est maintenant connu par la communauté critique sous le nom d¹Orientalisme. 
	 Sa position entre-deux explique pourquoi Kohso a écrit ses textes en en anglais et 
	 en japonais sans nécessairement traduire de l¹un à l¹autre. 
	Dans son texte ²Tout le monde est gay (si Kurt Cobain l¹a dit c¹est vrai)², Bill 
	Arning se décrit comme un ²curateur pédé au chômage². Avec les expositions qu¹il a 
	organisées, dont ²L¹Anti-Masculin² ou ²Stonewall 25- Imaginer le Passé Gay², entre 
	autres, il a développé une image ouverte et remarquablement proncocée d¹une identité 
	homosexuelle New Yorkaise. En même temps qu¹il nous raconte une histoire étrange 
	reflètant le climat homophobe­ et ce qui compte ici ce n¹est pas vraiment si la fin 
	est triste ou heureuse, mais plutôt les circonstances qui entourent cette anecdote­ 
	Arning nous fait part de quelques rencontres intéressantes qu¹il a faites à l¹ètranger 
	alors qu¹il ²exportait² son expérience d¹organisateur d¹exposition. Ce qui est en jeu, 
	c¹est cette issue: ²De ma perspective New Yorkaise, on ne peut pas être un bon 
	organisateur d¹expo si on n¹est pas honête, et on ne peut pas être honête si on est 
	Œpédé-caché¹ (closeted).² Plus nous lisons, plus l¹auteur nous montre, dans son style 
	séduisant, comment il est arrivé à comprendre que ²la sexualité a toujours un contexte 
	culturel². Je suis devenu très conscient moi-même du changement constant de ces contextes 
	en lisant des textes sur la politique du sexe et de l¹homosexualité avec de différentes 
	audiences à des lieux différents pendant mon travail de séminaires. 
	J¹ai eu la chance d¹assister a une performance de ²Je suis desolé, je ne parle pas la 
	langue² par l¹auteur, Dan Bazalco, un jeune philipin-américain debout sur une scène 
	nue à la New York University. La pièce explore des questions de contexte sexuel et 
	culturel, dans son cas l¹identité d¹un homosexuel asiatique-américain. Ses premières 
	expériences homosexuelles violentes reflètent le bias culturel et racial du nouveau 
	pays ²étranger² qu¹il habite. Il montre comment  les stéréotypes sexuels, linguistiques 
	et raciaux se mélangent et forment une réalité aggressive qu¹il addresse courament 
	²et pendant qu¹il me baisait, je ne pensait pas à la représentation. Je ne pensait 
	pas que les asiatiques jouent toujours le rôle du passif dans les rencontres 
	homosexuelles males. Je ne pensait pas que ce male blanc était en train de jouer 
	ses phantasmes coloniaux sur mon corp asiatique...² Ou encore: ²Je suis un putain 
	d¹imbécile parceque j¹essaye de parler plusieurs langues en même temps. Mais 
	contrairement à ma grand mère, je ne peus le faire courrament²
	La géopolitique et le sexe sont aussi au centre du texte de Coco Fusco, intitulé 
	²Racoler pour des dollars: Travail Sexuel et Tourisme à Cuba²: ²mon intéret pour 
	le rôle spécial que les femmes de couleur jouent dans l¹explosion du tourisme sexuel 
	là-bas, allié à ma conscience de l¹accroisement marqué de la prostitution à Cuba 
	depuis 1993, m¹ont poussé à écrire un article sur les femmes impliquées. J¹étais 
	aussi particulièrement intéressée par les quetions que la prostitution pose pour 
	un pays socialiste du tiers-monde en passe de faire une transition difficile au 
	capitalisme.² L¹industrie globale du sexe est un problème qui n¹est malheureusement 
	que peu étudié et adressé, bien qu¹elle touche des dimensions directement liées à 
	d¹autres économies d¹échange forcé et d¹importation sombres et abusives. L¹analyse 
	historique et contemporaine de Cuba proposée ici par Coco Fusco est non seulement 
	riche et provocative au niveau des faits, elle décrit aussi un scénario applicable à
	 beaucoup d¹autres pays souffrant de relations d¹échange inégales. 
	²Comme les gens et les écoles critiques, les idées et les théories voyagent­ de 
	personne à personne, de situation à situation, d¹une période à une autre. La vie 
	intellectuelle et culturelle est normalement nourrie et souvent supportée par cette 
	circulation d¹idées, et que celle-ci ait forme d¹influence reconnue ou inconsciente, 
	d¹emprunt créatif, ou d¹appropriation pure et simple, le mouvement d¹idées et de 
	théories d¹un lié à un autre est á la fois un fait vécu et une condition de possibilités 
	utile de toute activité intellectuelle². Ceci est l¹ouverture d¹un article d¹Edward Said 
	publié en 1984, intitulé ²Travelling Theory², où il discusse le cas partculier de Georg 
	Lukacs­ auteur, entre autres, d¹Histoire et conscience de classe (1923) où est elaborée 
	son importante théorie de la réification. La pensée de Lukacs a voyagé de la Hongrie 
	révolutionaire via le Paris d¹après la seconde guerre mondiale (L. Goldman) jusqu¹à 
	Cambridge (R. Williams). Dans la tradition des écrits influenciels de Said sur la 
	representation culturelle, ce texte adresse aussi la question du travail intellectuel 
	et de la fonction de la critique et de la conscience critique: ²La conscience critique 
	est une réalsation des différences entre les situations, une realisation aussi du fait 
	qu¹aucun système théorique n¹épuise la situation dont il est émergé ou où il est 
	transporté. Et par-dessus tout, la conscience critique est une réalisation des 
	résistances à la théorie, des réactions antagonistes élicitées par ces experiences 
	concrètes ou ces interprétations avec lesquelles la théorie est en conflit. En fait, 
	j¹irais jusqu¹à dire que le travail du critique est d¹offrir des résistances à la 
	théorie, de l¹ouvrir à la réalité historique, à la société, aux besoins et aux interets 
	humains, de montrer ces instances concrètes tirées de la réalité quotidienne, ce qui 
	se tiennent en dehors ou juste au-delà de l¹aire d¹interprétation nécessairement 
	désignée à l¹avance.²
	Nous nous sommes mis d¹accord, Gayatri Spivak et moi, pour appeller notre interview 
	²Perdu notre langue- Sous la carte linguistique² pour attirer l¹attention à une rèalité 
	qui est souvent négligée: le fait que dans le monde il n¹y a pas simplement quelques 
	langues dominantes, mais d¹innombrables langues et dialectes régionaux, ces ²langues 
	de la terre² qui sont dans bien des cas suprimées, considérées comme inférieures sans 
	qu¹une reconnaissance publique ne soit considérée necessaire à l¹établissement d¹une 
	²carte². ²Perdu notre langue² est une expression que Spivak a apprise des habitants du 
	Kimberley Oriental; le sentiment qu¹elle exprime est une réalité aujourd¹hui pour des 
	millions de gens qui ne vivent plus dans leur propre idiome culturel². La langue est 
	utilisée ici comme un concept métaphore plus vaste. Ils veulent dire qu¹ils ne font 
	plus sens de leur vies en terme de leur idiome culturel. Foucault dirait que leur 
	idiome culturel n¹est plus leur pouvoir savoir, leur abilité à savoir.²Spivak parle ici 
	de sa relation avec les langues, ayant grandi avec une langue indienne hégémonique et 
	l¹anglais du colonisateur: ²Que ma propre langue maternelle transportait avec elle une 
	histoire d¹imposition, nous ne le savions pas. Et si nous commencons avec l¹imposition 
	de l¹anglais alors nous regardons ma langue maternelle, par example, comme une sorte de 
	langue-victime.² Spivak ne s¹empêche même pas de critiquer quelque travaaux sociaux 
	informés par la théorie post-coloniale: ²Pour moi, le fait même de commencer avec 
	l¹idée de l¹imposition de l¹anglais fait partie du problème².
	Julia Kristeva a presenté son texte ²L¹autre langue ou la sensibilité linguistique² 
	lors d¹une conférence a New York, dans une langue qui lui est étrangère, l¹anglais. 
	Bien qu¹étant une citoyenne francaise, elle n¹a pas lu sa contribution avec un accent 
	francais, mais avec celui du slave, sa lange maternelle. Le texte traduit du francais 
	débute presque directement avec le problème de ²l¹autre langue²: ²immédiatement, mais 
	aussi fondamentalement, l¹étranger se differencie de celui qui ne l¹est pas car il 
	parle une autre langue. Observé de plus près, le fait est moins trivial qu¹il n¹a l¹air; 
	il révèle une destinèe extravagante: une tragédie aussi bien qu¹un choix. Tragedie, 
	car l¹être humain est un être parlant, et il parle narurellement la langue de son peuple: 
	la langue maternelle, la langue de sont groupe, la langue nationale. Changer de langue 
	équivaux à perdre quelque chose de naturel, à trahir sa langue maternelle, ou, au moins, 
	à la traduire. Un étranger est, par essence, un traducteur.² Kristeva développe une 
	théorie de la traduction d¹un point de vue psychanalytique informé par des conditions 
	d¹échange qui produisent l¹abject. Elle parle de Proust et d¹autre auteurs, mais ce 
	texte retient aussi une qualité autobiographique. 
	Mon interview de Sylvere Lotringer s¹intule ²Agent de l¹étranger, foreign agent². 
	J¹ai été surpris par le chemin que la discussion a suivi. C¹est son travail comme 
	editeur fondateur de Sémiotext(e), l¹organe principal de l¹introduction de la théorie 
	soi-disant francaise aux états-unis depuis les années 70, à une époque ou personne 
	ne s¹interessait a publier ces auteur, qui m¹a poussé à interviewer Lotringer. Il 
	donne un compte-rendu critique de l¹academie américaine et de son armée de publication. 
	Intéressé au-départ par une ²sémiotique ¹matérialiste¹², il est passé à une ²sémiotique 
	en ACTE², un activisme de signes qui crée un délire à travers la manipulation de textes 
	et d¹images, une ²schizo-culture² plus proche du capitalisme que de l¹academie. 
	Lotringer reflète non seulement les mouvement intellectuels et voyageurs majeurs du 
	post-structuralisme, mais aussi le désastre politique tragique du fascisme qu¹il a 
	vécu comme enfant juif, caché pendant la seconde guerre mondiale, une expérience qui 
	lui a fait quitter la France: ²un Vichy m¹a suffi². Lottringer a depuis travaillé avec 
	beaucuop d¹attention sur le fascisme, qu¹il voit opérer dans beaucoup de productions 
	litéraires, culturelles et religieuses majeures, et nomme ouvertement. 
	La crise et le déplacement des identités collectives et leurs représentations sont le 
	sujet de l¹article de Sami Naïr, ²Les identités aléatoires². Samir Naïr est un 
	intellectuel basée à Paris. Son arrière-fond éthnique est véritablement en crise, 
	non seulement en Afrique du Nord mais aussi en France, à travers les politiques 
	d¹immigration racistes, éthnocentristes et répressives qui ont une place si importante 
	dans toute l¹Europe contemporaine. L¹auteur les connait bien, et il les analyse 
	rigoureusement.  Depuis sa perspective culturelle et intellectuelle aux multiples 
	facettes, Naïr developpe une critique sociale qui expose aussi les institutions: 
	²la norme égalitaire masque une réalité inégale², une inéqualité structurelle qui 
	ne se joue pas seulement au niveau individuel mais aussi entre différentes cultures. 
	Naïr s¹interesse aussi sur les effets négatifs que les crises sociales produisent 
	dans la perception des différences culturelles et ethniques. Les conflits ne sont pas 
	basés sur des oppositions objectives mais sur une ²mobilisation hautement phantasmatique 
	concérnant l¹imaginaire collectif des populations locales dans leur relation avec celui 
	qui est considéré comme étranger². Retournant au titre de son texte, Naïr voit les 
	²identités aléatoires² non pas comme un simple terme descriptif pour l¹individuel en 
	crise, mais aussi comme un complexe d¹identifications qui gére la relation au changement, 
	à l¹ambiguité, aux conflits, à la singularité et à l¹Autre sans souscrire à des concepts 
	d¹identité collective fixes, universels ou nationaux. Ce n¹est pas un problème 
	d¹universalité ou de particularité, mais de singularités sujettes à la transformation 
	et à la négociation. Il demande ce que veut dire ³Etre beur, c¹est donc être entre-deux 
	et c¹est, par la force des choses, se choisir dans le présent, à défaut de choisir entre 
	ces monstres froids que sont les appartenances collectives. C¹est attendre, attendre que 
	Œça change¹².
	Le texte de Zeigam Azizov ²La russification et le terrain de ¹l¹autodetermination¹² 
	montre comment le processus de construction d¹un empire signifiait aussi la fabrication 
	d¹une langue. Entre autres, Azizov trace une histoire détaillée de la langue russe et de 
	sa carrière impériale; l¹effet de ce processus pendant l¹ère soviétique avec sa 
	nomenclature particulière; la théorie de l¹impérialisme de Lénine et son concept 
	²d¹autodetermination des nations² et sa réalité; la géo-lingusitique de Staline et 
	son livre Marxisme et linguistique, ainsi que quelques histoires personelles d¹interet. 
	Azizov­ son nom a du être ²russifié²­ est né en Azerbaijan, a étudié plus tard à 
	Léningrad sous une pression racistes provenant à la fois d¹institutions et d¹individuels, 
	et a émigré à Londres comme artiste et écrivain où il habite aujourd´hui, muni d¹une 
	nouvelle langue et d¹un nouveau passeport. Aujourd¹hui, à l¹heure de l¹après-perestroika, 
	l¹indépendance des anciennes républiques soviètiques signifie aussi la fin de la langue 
	russe comme lingua franca pour un tiers du monde géographique. Cette fonction est reprise 
	par l¹anglais. ²Pour les ¹républiques libres¹ la perestroika a tourné l¹histoire à 
	l¹envers. En essayant de trouver leur indépendance ces républiques ont du reconsidérer 
	leur histoire et véritablement réapprendre leur langues, ces langues qui avait été 
	coupées par la révolution socialiste... le début d¹une ¹dé-russification totale¹ ². 
	Le texte fini sur quelques critiques de la situation contemporaine: ²Le ¹rideau de fer¹ 
	qui était autrefois suspendu entre l¹empire soviètique et le capitalisme occidental est 
	aujour´hui multiplié et cause des discriminations entre langues, cultures, et relation 
	dans les anciennes républiques de l¹union sovietique. ²
	Le titre de la contribution de Victor Tupitsyn peut être traduit par ² ¹Le corps sans 
	nom¹: le héros de son temps ou de son espace?². Il est écrit en russe, bien que l¹auteur 
	vive et travaille comme écrivain et académique à New York. Le ²corps sans organes² 
	deleuzien est transformé en un ²corps sans noms².  Ici, Tupitsyn fait référence à la 
	scène artistique et aux intellectuels russes, dont certain, malgré cet argument, ont 
	réussi a gagner une reconnaissance internationale, ceci, malheureusement par le biais 
	d¹actions  terroristes destructives (par exemple: le ¹sprayage¹ d¹une peinture de 
	Malévitch dans un musée). Les relations intellectuelles entre l¹ouest et la Russie sont 
	étudiées et critiquées dans un langage a haute densité théorique­ citations de Hegel, 
	Kant à travers Freud, Brecht, Bakhtin, Deleuze, Derrida, etc. Cette relation est discutée 
	comme prenant la forme d¹une opposition centre-périphérie. Tupitsyn voit en elle une 
	forme particulière d¹orientalisme. L¹auteur est extrement critique des intellectuels 
	restés dans son pays. Librement traduit, il écrit ²si dans leurs articles des auteurs 
	moscovites font référence à Lacan, Foucault, Lyotard, Derrida et Deleuze, ces citations 
	n¹ont qu¹un caractère décoratif, quand elles ne sont pas  l¹exemple d¹un rudiment d¹une 
	tradition bureaucratique de référence à des figures d¹autorité. En d¹autre mots, dans un 
	texte il n¹y a pas de modèles théoriques, de méthodologies, mais juste des phrases de 
	ces ¹camarades autoritarians¹ arbitrairement choisies. (Avant, ces camarades étaient 
	Staline, Zhdanov et Lisenko).²
	Le texte de Karen Kelsky, ²Flirt avec l¹étranger: sex interracial dans l¹age 
	¹international¹ japonais² et une étude de la dynamique sexuelle, raciale, économique et 
	libidinale dans et à l¹exterieur du Japon contemporain. De jeunes femmes japonaises 
	indépendantes­ loin du stéréotype des soit-disant ²office ladies²­ découvrent et vivent 
	leur mobilité matérielle et leurs désirs dans un décor touristique international où 
	elles peuvent donner libre cours a leurs imaginaires erotiques, exotiques, raciaux et 
	materialistiques. Cette realisation féminine de désirs et de phantasmes par la 
	consommation de males étrangers exotiques est une reflection de la rigidité des 
	hiérarchies au Japon. Cet article n¹amène pas les économies hétérosexuelles entre 
	relations interaciales à une fin heureuse. Il examine plutôt comment de vieux 
	stéréotypes sont réinscrits de tout côtés et comment sur ²la carte sexuelle globale, 
	le capital et les forces de commodidfication peuvent dominer tout en libérant les désirs².
	 Ditto Kelsky: ²ce qui est ¹recré¹ dans le phénomène du taxi jaune [les femmes japonaises,
	  stéréotypées par les hommes (japonais)] n¹est pas un nouveau monde de gain de pouvoir 
	  féminin et d¹intimité internationale, mais plutôt un vieux racisme dans un nouveau 
	  costume.² 
	²Los Angeles 1965-1992: de la restructuration générée par la crise à la crise générée 
	par la restructuration² d¹Edward Soja dresse un profil qui comprend l¹histoire urbaine, 
	sociale, industrielle, technologique et démographique entre deux soulèvement violents, 
	les rebellions de Watts et les émeutes de L.A en 1992. Il recherche et relie 
	rigoureusement déclin économique et restructuration, industrialisation et 
	désindustrialisation, migrations de masse, oppression raciale et ethnique, pauvreté et 
	richesse, soulèvement sociaux, ainsi qu¹ économie et productions migrantes. Son étude de 
	la géographie urbaine touche aussi à l¹ ²angloification obsessive², au role de l¹armée, 
	technologie, ségrégation et racisme, pour nomer quelques questions. Soja décrits les 
	development urbains et suburbains de L.A en relation avec les processus globaux de 
	restructuration transnationale: ²Le local devenait global... La manufacture Américaine 
	ne quittait pas seulement ses concentrations métropolitaines, elle quittait completement 
	le pays² laissant derrière elle une banlieue urbanisée traumatisée sans production mais 
	avec ses démographies conflictuelles. Soja essaye de ²reconceptualiser la nature même 
	des études urbaines, de considér la forme urbaine comme une mosaique régionale complexe 
	et polycentrique de developpements geographiques irréguliers affectant et affectés par 
	des forces et des influences locales, nationales et globales.² Etudier Los Angeles (ou 
	Tokyo, ou Sao Paulo, ou Little Rock) devient ainsi une fenêtre sur un panorama de sujets 
	d¹interet plus plus large que ce qui a traditionellement été considéré dans le champs des 
	études urbaines.²
	L¹interview avec Benjamin Buchloh est de bien des facons révélatrice. Buchloh a joué un 
	rôle majeur en introduisant des artistes (males pour la plupart­ ce sur quoi il commente. 
	Broodthaers, Buren, Richter) et des theories (comme un des redacteurs de October) 
	européens aux Etats-Unis dans les vingts dernières années. Il critique les institutions 
	culturelles, la reception culturelle et les politiques d¹état europeénnes. ²La réception 
	européenne de la praxis culturelle américaine tend à isoler les oeuvres de leur contexte... 
	La praxis culturelle en Europe est encore intensivement construite sur la fiabilité des 
	concepts culturels (Kulturbegriffe) et les institutions culturelles². Il mentionne aussi 
	un exemple parisien significant: le jour on le corps d¹André Malraux, un activiste de 
	gauche à son époque, était transferé au Panthéon, le groupe de rap francais NTM était 
	condamné à six mois de prison pour leurs paroles. En discutant en grande variété 
	d¹issues­ problèmes méthodologiques et histoire de l¹art, histoire de l¹art sociale, 
	le musée, la Frankfurter Schule, la théorie post-coloniale, etc.­ les politiques de 
	l¹identité deviennent centrales. Buchloh discute l¹identité de maniere autobiographique 
	en tant qu¹immigré allemand aux EU et en termes de politique allemande contemporaine: 
	il critique vehement l¹allemagne pour la retransformation de Berlin en une capitale 
	centrée autour d¹un modèle traditionel d¹identité d¹état à un moment où les métropoles 
	sont interconnectées internationallement et globalement. Conséquamment, nous avons 
	appelé cette interview ²Méchantes remarques entre Moscou et Los Angeles², un titre 
	composé à partir de deux citations. 
	Wulf Schmidt-Wulfen est un geographe allemand qui, depuis plus de vingt ans, travaille 
	sur les représentations de l¹Afrique dans le contexte de l¹éduaction allemande. Peu 
	familier avec la théorie anglo-américaine contemporaine, cet universitaire est arrivé 
	a des conclusions comparables à ceux de la critique ²post-coloniale². ²Cercles Vicieux­ 
	imaginations/représentations géographiques de la jeunesse allemande au sujet des ¹pays 
	en voie de developpement¹ africains² est un texte qui donne la synthèse d¹un projet de 
	recherche empirique pour lequel il a demandé a plus de 1700 enfants et adolescents (de 
	10 à 17 ans) dans toute l¹Allemagne de remplir un questionaire sur l¹Afrique. Les 
	résultats sont dévastateurs et confirment les versions les plus pessimistes de la 
	malreprésentation de l¹Autre culturel. L¹appelation ¹cercle vicieux¹ ne décrit pas 
	seulement l¹imagination de l¹Afrique qu¹a l¹étudiant moyen, ²parcequ¹il fait chaud 
	et sec, ils sont noirs, pauvres, morts de faim et sous-developpés et ont besoin 
	d¹aide² mais aussi la façon dont les media, les livres scolaires et toutes autres 
	représentations perpetuent une imagination ¹geographique¹ (Edward Said) catastrophique 
	et complice d¹un status quo ideologique (colonial) post- et neo-colonial qui informe 
	la politique et les affaires au jour le jour. Il faut ajouter que par contraste avec 
	l¹université et les média américains, la majorité des contextes intellectuels et 
	médiatiques européens ne sont pas familier avec les débats critiques sur le pouvoir 
	et la problèmatique de la représentation. Le travail de Schimd-Wulfen est pour cette 
	raison une entreprise unique qui n¹a eu qu¹une reception limitée et sceptique dans un 
	contexte purement académique. 	
	Ma contribution s¹intitule ²Ecrire, Lire, Apprendre, Enseigner² (²Sprechen, Lesen, 
	Lernen, Lehren²). Au moment où le contexte institutionel est changé ou disparait, ces 
	pratiques d¹apprentissage quotidiennes prennent une dimension inquiétant (unheimlich). 
	Personne ne considère la lecture ou l¹apprentissage comme un travail en dehors d¹un 
	contexte qui les justifie - école, université, profession, temps libre, etc. Derrière 
	cette étrangeté se cache une dimension critique qui m¹interesse. J¹ai commencé à 
	apprendre les langues étrangères à l¹age de 10 ans, ceci principalement en dehors ou 
	a l¹encontre du système scolaire. Pour un grand nombre de raisons je suis devenu très 
	autoreflexif quant à cette pratique, en termes de ses implications critiques, sociales, 
	psychanalytiques et spécifiquement identitaires. En tant qu¹artiste j¹ utilise la 
	parole, la lecture, l¹apprentissage et l¹enseignement de facon stratégique pour exposer 
	et mettre l¹accent sur les relations entre pouvoir, politique, institutions, savoir et 
	techniques du soi. De plus, j¹ai ²importé² ces pratiques culturelles de base ­ parole, 
	lecture, apprentissage, enseignement ­ dans mon travail artistique, une superposition 
	institutionelle qui mérite réflexion. 
	  Le texte de Dana Leonard et Lisa Adkins sur le féminisme francais m¹a été proposé par 
	  Isabelle Graw à qui j¹ai aussi demandé une contribution en tant qu¹éditeur de Texte 
	  zur Kunst, un journal qui traduit et produit principalement de la ¹théorie culturelle¹ 
	  pour le contexte linguistique allemand. Texte zur Kunst était en train de traduire et 
	  de publier le texte de Leonard et d¹Adkins sur les voyages de la théorie féministe 
	  francaise. La contribution de Graw à cette publication  convient non seulement de facon 
	  idéale à ce livre, elle est aussi symptomatique de la situation de la consommation de 
	  théorie contemporaine en Allemagne et en Autriche: l¹importation. Leonard et Adkins 
	  sont deux critiques basées au Royaume Uni et leur texte s¹intitule ²Reconstruire le 
	  féminisme francais: commodification, matérialisme et sexe². Le texte montre en détail 
	  comment la catégorie du ²Féminisme francais² a été constituée dans le contexte 
	  anglo-américain à travers une politique de traduction, d¹édition et de publication 
	  limitée et réductrice. Je cite ici une de ces nombreuses raisons: ²L¹étrange 
	  ¹réduction synecdotique¹ au travail d¹auteurs influencés par la déconstruction et 
	  la psychanalyse est aussi crucialement connectée au baggage disciplinaire de la 
	  majorité des spécialistes de la France de langue anglaise... Ces spécialistes ont 
	  généralement un baggage disciplinaire en linguistique et en litérature, et ont 
	  donc une connection bien plus grande avec les féministes francaises écrivant de 
	  la fiction ou de la théorie litéraire qu¹avec celles qui viennent de la sociologie, 
	  de l¹anthropologie ou de la psychologie². Il est intéressant de lire comment travaux
	   matérialistes et liés au social des théoristes francaises ont été négligés ou réduits 
	   à une reception limitée. En plus d¹une analyse historique précise et rigoureusement 
	   recherchée de certains des pouvoirs qui ont défini le ²féminisme², l¹article présente, 
	   reprend, et développe aussi d¹importants arguments quant à des débats orientés de 
	   facon plus sociale, matérialiste et sexuelle qui sont loin d¹être épuisés.
	Tout discours critique est dépendant de son traffic, de son évaluation et de la 
	réception de son information, des textes et de leurs traductions. Le climat des 
	perceptions culturelles, des débats critiques et des productions artistiques qui 
	y sont liées, doit être constament réarticulé et réexaminé. Une des expériences 
	qui m¹a le plus profondément frappé a été, en traversant différentes langues et 
	différents milieux de réception, d¹observer comment les perceptions et les procédés 
	d¹évaluation sont changeant et hétérogènes. Ce volume de textes essaye, de maniere 
	insuffisante, de rassembler quelques unes de ces voix différentes et de laisser 
	parler pour un sujet et pour elles-mêmes.

New York, avril 1997.