James Coleman, Oeuvres
Mono-Dialogue 1972 :
Slide Piece 1973 :
projection de manière répétitive d'une diapositive de la photographie d'une place déserte à Milan. JC, ayant demandé à plusieurs personnes de décrire cette place, fit lire les commentaires obtenus par une seule voix -un narrateur qui n'est lui-même que la configuration fictive de plusieurs personnes. Le sujet d'énonciation est ainsi desintégré en de multiples points de vue. L'auteur a disparu, parcellisé en plusieurs entités hétérogènes, tandis que le spectateur est renvoyé à la vacuité de son propre processus d'interprétation, mis à nu dans sa relativité et sa subjectivité.
Clara and Dario 1975 : la projection du visage d'un homme et d'une femme interférait avec les voix d'un couple évoquant par répétitions cycliques, des souvenirs d'enfance. Le spectateur, pris entre les involutions du récit, les visages en close-up et l'intensité émotionnelle créée, perdait ses repères perceptifs.
Box (Ahhareturnabout) 1977 : projection dans un espace confiné et obscur, le combat de boxe du championnat du monde de 1927, entre l'irlandais Tunney et l'américain Dumpsey. Le spectateur était aspiré au centre du monologue intérieur de Tunney -l'image s'interrompant au rythme des coups portés et de ses battements de coeur. Tunney livre en réalité un combat pour l'identité où fusionnent moi privé et moi public.
Living and Presumed Dead 1983/85 projection de diapositives en fondu enchaîné avec bande sonore synchronisée.
Seeing for oneself 1987/88 projection combinée de diapositives en fondu enchaîné avec bande sonore synchronisé.Dramaturgie théatrale où se mêlent roman-photo, série télévisée, drame gothique,soap opera, mélodrame, detective novel et ghost story.
Charon (The MIT Project) 1989 : projection de diapositives en fondu enchaîné avec bande sonore synchronisée. Chaque nouvelle image projetée est accompagnée de sa description et du récit de sa propre genèse par un narrateur qui ne cesse de changer d'identité (jeune, vieux, homme, femme)
JC: JC n'est pas l'écrivain d'une histoire linéaire; il ne fait qu'assembler des fragments de textes compilés et collectés (ils ne sont pas consultables en tant que tels), où se distribuent plusieurs voix.Les points de vue intermittents sont ainsi déjà à l'oeuvre dans le récit lui-même et vont interagir avec les points de vue subjectifs des spectateurs.Comme il n'y aplus d'identité fixe, auteur et spectateur pourront de cette manière permuter leurs rôles à travers la figure du "détective". Mais la recherche du secret se heurtera à l'impossibilité de désigner la vérité.
L'art de raconter où dans un mouvement révulsif, la narration implose, les fragments se multiplient, les voix et les histoires se torsadent, syncopant le flux du réel. Entrer dans cette oeuvre, c'est accepter l'interpolation des identités(l'affectation des rôles et l'effectuation du sens), la migration des lieux, abandonner un point de vue souverain, s'ouvrir à d'autres temporalités (augmenter notre auto-conscience de sujet percevant et analyser la voie par laquelle nous investissons les objets de signification). Au début des années 70, JC réalise des oeuvres ayant la perception pour objet.A travers une structure temporelle de séquence, la combinaison diégétique du visuel et du verbal, JC élabore un monde du palimpseste, constellé d'allégories, "écriture-rébus d'images concrètes" que le spectateur est appelé à déchiffrer. De même l'excès parodique et disséminatoire des récits, ex-posant l'image comme fiction, amène le spectateur à prendre conscience de la transitivité de sa vision afin de déployer une nouvelle opérativité perceptive.
JC: L'oeuvre de JC est un lieu fictionnel, où les images et les récits interrogent la représentation, la perception et l'imagination. L'oeuvre est une confluence de voix, d'échos, d'actions, d'objets et d'allégorie -progresive recherche de son identité et de celle du spectateur. Celui-ci n'a pas à choisir entre différentes "solutions" ou interprétations, mais doit contribuer lui-même à l'élaboration de l'oeuvre. C'est pourquoi il doit dénouer une intrigue, rassembler les fragments narratifs et visuels comme autant de "traces" d'un réel, se muer en détective, dans une enquête sur l'image qui devient celle de sa propre identité.
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