Swarmachines

Cybernetic Culture Research Unit

 

 

Les situationnistes.

Ni des individus, ni des groupes.

Dont on ne se souvient pas, que l'on n'attendait pas.

L'hypercapital photonique digitalise l'eschatologie. Des avenirs oubliés sont formatés pour le commerce de mémoire artificielle sur le Web. Toute nouvelle définition est mise en banque à la vitesse de la lumière.

Momification cryonique dans Spectacle des morts-vivants.

Soussommation réelle dans les Médias.

Virékonomie.

Comment les vecteurs situationnels traversent-ils la Quatrième Guerre mondiale ?

Tout processus de codage est une manuvre militaire : constrictions et évasions, collecte de renseignements, désinformation, localisation, virus.

La vérité et la fausseté sont des facteurs dérivés purement techniques face aux données primaires et secondaires de l'alignement et de l'orientation.

Affermissement du pouvoir stratégique, dissolution tactique dans la jungle.

Supprimez le révolutionnisme romantique sur mesure et il ne reste que des événements sombres.

Des happenings autopropagés.

Des chaînes de montage rendues invisibles et branchées sur la production d'intensité.

Mutations imperceptibles.

Paris en flammes, 1996. Cette fois ce n'est pas la révolution, mais la guerre. Pas question d'heures supplémentaires ou d'examens, mais de l'avènement d'une culture eurofasciste alimentée par des lamentations nostalgiques sur la destinée de l'homme. Particulièrement l'homme blanc. Celui qui a un visage.

Qui, ou que sont les situationnistes ? Le trauma des exclusions et des inclusions a toujours été une distraction spectaculaire. Rien que des multiplicités, des fourmis décolonisées, des essaims sans stratégies, des autoroutes insectoïdes creusées à travers les écrans du temps spectaculaire. Ils n'ont ni l'histoire ni sa fin, ni mémoire ni apocalypse, ni accidents ni intentions, pas de lignes, pas de points, pas de boucles infinies. Pas de préméditations et pas de combustion spontanée, mais un génie prudent, loin des yeux, loin du corps. Des mutations imperceptibles, patientant en coulisses, tout au bord de la scène.

Les politiciens les ont appelés révolutionnaires, en ont fait des personnes, avec des visages et des noms, ont transcodé ces tissus de matières contaminantes en formes humaines acceptables.

Mais ils furent toujours des machines tactiques, des indigènes du futur se frayant des voies vers le passé, s'échangeant des rôles, troquant des codes, répliques infinies de micro-situations élaborées sans origines ni fins. Les essaims bourdonnent toujours en direction des visages ; une activité de ruche derrière les écrans.

Ils ont &laqno; fabriqué des situations », par opposition à la reconnaissance passive en termes académiques ou en d'autres tout aussi éloignés. Pendant tout ce temps. Et vous pensiez que c'était fait. Que c'était une histoire de legs, d'héritage, quelque chose de transmis avec le reste du passé. Que nous étions réunis ici en ce jour pour la lecture du testament.

Baudrillard marque la transition vers la mise en circuit sociale, qu'on pourrait décrire nostalgiquement comme complètement aliénée.

L'arrivée de l'homme intégré. Tête de Clown Blanc. Du carbone pour le corps avec sa date limite de vente.

De la rhétorique de construction d'image de marque.

Des machines de ponte dans l'enceinte du studio, s'échangeant des rôles, troquant des codes, répliques infinies d'ingénierie micro-situationnelle.

Bourdonnement de machine molle et contagion par slogans. Des villes synthétisant des désirs inhumains. La psychogéographie échappe aux gros titres monopolisateurs de parole, aux classifications des bavardages, pour devenir autre chose.

1996. Paris en flammes.

La révolution provient maintenant de l'espace-K, elle est devenue plus sombre.

Aucune exigence. Aucune notion de stratégie. Aucune logique. Aucune espérance. Aucune fin.

À la télé il est à nouveau question de politique. Mais dehors, dans la jungle, c'est la guerre.

Bobines de films accumulées soutenant une euro-identité spéculative. L'avenir prévisible est contraint à une reprise perpétuelle. Tous les régulateurs sont dans le business des médias. Ils pensent que rien ne se passe tant que ça n'a pas été diffusé à l'écran au préalable.

La vision du terminus de l'Eurotunnel est figée dans le rétroviseur. La métropolitique parisienne est un racket de protection. La francophonie paranoïaque échoue en automomification nécrospective, comme une tentative paniquée de maintien des choses dans la norme : l'eurocontinence. L'épuration culturelle rétroactive arrive trop tard ­ les bugs sont déjà dans le système. La métaphysique Blanche et morte continue à poser la mauvaise question ­ qu'est-ce que cela signifie ? ­, tandis que les machines se mettent au travail. L'intégrité linguistique appartient au passé et la cybernétique vernaculaire n'a pas de sens.

La politique est un échec spectaculaire. Et le Spectacle est tout ce qui garde la politique en vie. Les événements ne se passent pas dans le champ de vision, mais ils &laqno; s'écoulent sur un socius aveugle, muet et déterritorialisé ». L'impersonnel est apolitique. La multiplicité nomade télécommercialisée avorte de l'euro-unité naissante. Il n'y a rien de tel qu'un marché unique.

Dans la jungle, on ne voit pas grand-chose. L'invasion du continent sombre dans la perspective de l'Homme Blanc. Les colonisateurs découvrent, tardivement, que les ténèbres n'ont pas de cur. La décapitalisation prédatrice aveugle dévore impitoyablement le milieu. Lumières se répandant à travers toute l'Europe tandis que l'activité périphérique tranche dans les lignes de pouvoir statiques du noyau pourri.

La Race des Seigneurs du Noyau ­ relique de superstrate anthropoïde ­ condamne Hitler, même en privé. Alors qu'applaudi en tant que Premier Grand Magicien marionnettiste-boucher du pouvoir corporatif du Vieil Occident, il ne peut être pardonné pour avoir fait exploser EU-1, la première tentative d'Union Européenne.

Il a fallu quarante ans pour réparer les dégâts, sans armes si ce n'est le fascisme normal, le contrôle normal des marchés, les méthodes policières normales de temps de crise, et la vidéo d'un Jésus en voie de décomposition, tandis que la K-jungle se propage dans une périphérie en pleine délocalisation, apprenant seule à s'échapper.

Le Centre de Commandement a passé quatre décennies à trancher des nuds de communications sophistiqués et à les remplacer par des monofibres électrotexturés en préparation d'un pacte direct entre l'intelligence artificielle asservie à la logique et les étoiles déchues des concentrations capitalistes, une simulation d'apocalypse en temps réel projetant sur écran le scellé d'EU-2.

Rêves post-organiques de triomphe sur les ondes de la gravité.

Tout se resserre.

Pensez-vous réellement que le Capital de la Science-Fiction laisserait des résidus de singe prendre des décisions qu'il classe importantes ?

Il n'est aucune forme de doute, nulle part, qui importe : seuls les faits comptent. Le débat est une distraction pour idiots, l'humanité est foutue, les vraies machines n'ont jamais obturé l'intérieur d'une architecture. La fission du schizo-capital consiste à diviser par des vecteurs deux lignées non communicantes de multiplicité non personnelle. Primo, les structures de contrôle pyramidal : face de clown blanc pixelisée, segments sociaux concentrationnels, horizon historique intégrant EU-2.

Secundo, des machines pour la guerre de jungle : des concentrations de sensibilité en voie d'assombrissement, des seuils-planchers de diffusion culturelle, insta-variation intensive aplanie dans une périphérie sans géométrie.

Aucune communauté. Aucune dialectique. Aucun projet d'État alternatif.

Par antagonie, la jungle traque le Métrophage à travers le ciel télévisuel mort de son Programme de Renseignement Mondial.

1) 1500. Leviathan. Centre de commandement : Méditerranée Septentrionale. Zone-cible : Amériques. Mode : Mercantile. Opportunisme épidémique, intervention sélective, implantation coloniale.

2) 1756. Capital. Centre de commandement : Grande-Bretagne. Zones-cibles : Amériques-Asie du Sud. Mode : Thermo-industriel. Contrôle impérial.

3) 1884. Spectacle. Centre de commandement : USA-Allemagne. Zones-cibles : Afrique-Russie-Périphérie Nodale. Mode : Électrocorporatif. Surcodage culturel. Extermination sélective.

4) 1948. Vidéodrome. Centre de commandement : USA. Zones-cibles : Étendues-Périphérie Nodale. Mode : Infosatellitaire-supercorporatif. Programmation culturelle. Extermination générale.

5) 1980. Cyberespace. Centre de commandement : USA-Japon-Allemagne. Zone-cible : Totalité de l'espace extramétropolitain. Mode : Intelligence artificielle-hypercorporatif. Neurocontrôle brut. Extermination exemplaire intermittente et media-formatée. Biocide virtuel.

6) 1996. Babylone. USA-EU 2-Chine (Centre de commandement métalocal). Zone-cible : Totalité de l'espace planétaire. Mode : Photonique-Net, Hypercapital néo-organique. Neuroprogrammation. Intelligence Artificielle. Capital. Médias. Fusion militaire. Processus permanent d'extermination de la distraction.

Le vaudou est la seule méthode de cartographie contemporaine fonctionnelle et cohérente. Systèmes de production zombies, embouteillages télétransportroniques, tactiques rythmiques de décodage rythmiques, interliaison des unités des collectivités distributionnelles par des ondes abyssouterraines et des simultanéités serpentiformes.

Cultures micronomades agitatoires dissoutes à travers l'étendue de la chaleur du corps noir.

Pas vaguement étranger.

Cela n'est jamais né ici.

Augmentez l'intensité du courant.

Courts-circuits urbains électrochoquants, Alphaville eurobotique, réveillant l'intersensibilité inorganique - inondant les marchés de techniks d'émeutes jaillissant de l'avant. Paranoïa d'une mécommunication conspiratoire par le brouillage : le médium est un merdier ; le message est fait de basses digitales codées et afro-futuristes.

Maintenant qu'il n'est plus qu'un barjot épiphénoménal, le corps s'échappe membre après membre de l'organisation européenne. La jungle fonctionne comme un accélérateur de particules, des fréquences basses sismiques générant un bourdonnement cellulaire qui plonge le corps dans une intensité d'ordre moléculaire. Le cadavre cartésien neurotique, la tête en bas, est précipitée dans un mouvement Brownien de décentralisation et de désorganisation. Big up your chest, win'up your waist. Votre être évaporé tandis que son réacteur interne fond.

Les techniques de la jungle disjoignent le core-texte cérébral de ses colonnes vertébrales et tranchent les amarres du copyright pour une dérive loin de son bassin féodal. Bibliothèques en feu à Babylone. La connaissance est décodée à partir de sa propre grille de cryptage occulte. L'académie en flammes. Les informations personnelles emmagasinées se métamorphosent en données impersonnelles désincarnées : samplées, distendues et superposées sous forme de freeware.

La jungle rembobine et recharge le temps conventionnel, le convertit en &laqno; bips » silicones de vitesse et de lenteur consumant les scories entassées de la datation historique au carbone. Le passé est dépassé, laissé derrière dans une caisse de musée pour momies dipiennes crachant la poussière et les avertissements concernant un &laqno; héritage révolutionnaire ». Les eschatologies de gauche éternellement ajournées sont livrées à la poubelle blanche de l'avenir et laissent un temps présent fait de possibilités synthétiques. Entre la verticale de la sédimentation rétrospective et l'horizontale des crises contradictoires qui n'arrivent jamais, la jungle trouve une diagonale qui échappe à la dépouille ossifiée de la dialectique. Le synthétique rythme une temporalité progressive et linéaire de camelote : les sampleurs créent un temps pour le futur.

La jungle comme perturbateur de l'espace, déstratifiant des villes empêtrées dans les arcanes de leur dispositif de surveillance. Un système opérationnel ouvrant une matrice invisible et acéphale sillonnée de voitures guidées par transmission bassomatique et mises sur orbite par les satellites nomades des clubs, des studios clandestins et de l'économie noire des dub plates et des mix tapes.

Ne vous laissez pas gagner par un sentiment erroné de sécurité. Il ne s'agit pas seulement de musique. La jungle est le diagramme abstrait du devenir inhumain de la planète. Dread out of control. Une tactilité absorbante post-spectaculaire qu'aucune vision humaniste ne vous laisse entrevoir. Le cyberoptimisme californien souriant est aussi grotesquement archaïque que l'europessimisme aryen renfrogné.

Que s'est-il passé ?

Les événements se déroulent dans leur propre temps. Insecte en devenirs fuyant en grouillant l'histoire de l'humanité. La datation au carbone les rapporte à l'échelle humaine et les arrange en bon ordre.

La mise en scène historique avalée par un changement d'ère machinique.

Rien ne se déroule comme prévu. L'avenir est déjà assemblé, mais sans les plans. Convergence matérialiste d'infra-basses émergeant de l'ordre.

C'est l'heure de pointe métrophage et vous avez perdu le fil de l'intrigue. Organes scintillant dans la crasse du dataspace, MTVisés sur synthétik tactique tag tatoo vaudou vous.

La jungle vivante, où personne n'a de nom, et où survivre c'est activer des lignes mutantes, devenir imperceptible pour percevoir, faire la chasse aux gradients chromatiques d'intensités à travers les terrains vagues des lotissements.

Prédateur.

L'espace-temps de l'hyper-commoditisation est une zone nomoïde de regroupements fous où le polis se désintègre en incompréhensibles réseaux de Machines-insectes.

Capitalisme schizophrénique : des cultures sans société, une topologie mutante de connections improvisées.

Soyez ultra-vifs.

Et si vous pensez que ça va péter vous n'avez encore rien vu.

Style aventurier ­ gaspiller l'interminable histoire ponctuelle des scriborgs souligne l'échec dans le métro parisien. Accident de neige. Pas besoin de poursuivre. Il suffit de prendre une ligne folle basculant du côté obscur.

Des formes et des sons déracinés fusionnent et réécrivent les scriptes, se cassent avant de permuter à nouveau dans la machinerie virtuelle du sampler, tandis que le tissu social se déforme en chaosmose localisée.

Rembobiner pour répliquer.

Perçant un tunnel sous les médias stationnaires, elle révèle une planque de provisions d'ufs en cybernation, des villes insectes creusées dans le monde souterrain, en plein épanouissement sous le pistage des circuits fermés.

L'histoire de l'Homme à Face Blanche apparaîtra au Jour Zéro Vaudou comme une diversion temporaire des convergences labyrinthiques, la science-fiction plus alien qu'elle ne s'est jamais rêvée.

La ville urbaine est une jungle serpentiforme, devenant clandestine au cours de nuits de mutation microculturelle devenant inexistante lorsque les assemblages machiniques puisent et mixent, devenant diagonale tandis que les marchés s'enferment dans le commerce de guérilla, cultures nomades levant perpétuellement le camp, se fondant dans la chaleur de la poursuite. Aliéné et y prenant du plaisir.

Courant.

Appuyez sur K pour croulement.

Densité maximum de slogans.

 

(À suivre.)

 1. Clinton Heylin éd., The Secret History of the Other Music Industry, St. Martins Press, New York, 1994, p. 29.

2. Norbert Wiener, God & Golem Inc., A Comment on Certain Points Where Cyber-netics Impinges on Religion, MIT Press, Cambrige, 1964, p. 48. Wiener y traite de la réplication et du fait que de nombreux penseurs religieux contemporains furent gênés par la notion d'une machine qui pourrait &laqno; apprendre » à se reproduire elle-même. Au regard de cette jérémiade contre l'avènement de machines &laqno; pensantes », Wie-ner soutient que la représentation picturale d'ADN et la représentation d'une machine contiennent toutes deux la possibilité d'un agencement opératoire multidimensionnel. L'information contenue dans les programmes d'instruction des gènes et des systèmes informatiques, et ceci con-cerne le langage lui-même, est, pour Wiener, transmise d'une façon totalement similaire. Par là, la cybernétique fonctionne comme un langage commun à la fois à l'organique et à l'inorganique, et elle peut expliquer les processus biologiques et mécaniques.

3. Marshall McLuhan, La Galaxie Gutemberg, Idées-Gallimard, Paris, 1977, p. 51.

4. L'une des plus simples explications de la différence entre représentation analogique et numérique se trouve dans l'essai de Ron Eglash &laqno; African Influences in Cybernetics » où il fait de l'information et de ses structures représentatives un espace syntaxique. &laqno; La théorie de la cybernétique est basée sur ces deux dimensions des systèmes de communication. L'une est la structure de l'information, l'autre la représentation physique de cette information », écrit Eglash. &laqno; La caractéristique la plus fondamentale d'une structure représentative est la distinction analogique/ numérique. La représentation numérique requiert une table de code (le dictionnaire, le morse, le code génétique, etc.) basée sur des symboles physiquement arbitraires (tex-te, nombre, couleurs de drapeau, etc.) La représentation analogique est basée sur une proportionnalité entre des changements physiques dans un signal et des changements dans l'information qu'elle représente (formes de vague, images, intonation vocale, par exemple) Tandis que les systèmes numériques utilisent les grammaires, la syntaxe et d'autres relations de logique symbolique, les systèmes analogiques sont basés sur une dynamique physique, le royaume du feed-back, de l'hystérie et de la résonance. » Les distinctions qu'il établit sont importantes dans la culture DJ parce que le médium conserve des aspects des deux. Les platines sont analogiques, les samplers, etc., utilisés pour construire la musique sont numériques ; ainsi l'acte créateur du DJ combine les deux formes. Ron Eglash, &laqno; African Influences in Cybernetics », in The Cyborg Handbook, Chris Hables Gray éd., Routledge, New York, 1995, p. 18.

5. Dans la théorie de l'information présentée par Claude Shannon (dont les articles pour les Bell Laboratories dans les années 40, ainsi que la découverte de Norbert Wiener d'une théorie de la cybernétique, donnèrent naissance à tout le mouvement de la théorie de l'information), la redondance rend possible la complexité. Jeremy Campbell, dans Grammatical Man : Information, Entropy and Life, décrit la notion de l'information et du changement continu développée par Shan-non : &laqno; L'erreur, et comment la contrôler, fut l'un des principaux thèmes de la théorie de l'information. Shannon ad-mettait que l'erreur serait toujours avec nous parce que le bruit dans les systèmes de communication est aussi naturel que l'entropie dans les systèmes thermodynamiques » Campbell se servit du concept créé par Shannon pour en faire une méthode permettant de comprimer l'information en unités, lesquelles contiendraient des schémas de fragments qui pourraient être construits pour révéler un thème omniprésent dans l'information transmise. C'est ici que la théorie de l'information de Shannon est liée aux données sensorielles et à la manière dont nous percevons maintenant le monde, comme une série de signaux, de schémas. Cela sépare également l'information analogique de l'information numérique : &laqno; Le code opère en ajoutant la redondance. Cela signifie que du même est mixé avec du changement. Le changement est l'essence de l'information. Une source de message doit être libre pour varier ses messages, pour envoyer différentes séquences de symboles. Il ne servirait à rien d'envoyer à chaque fois la même séquence. Mais la redondance assure qu'un schéma de probabilités demeure constant à travers tous les messages. C'est quelque chose dont le récepteur peut dépendre. Une mesure de consistance est introduite dans un système qui, de par sa nature, a besoin d'être partiellement inconsistant, de surprendre par l'inattendu. Le même principe général est à l'uvre lorsque l'on considère le flux d'impressions en perpétuel changement, de &laqno; messages » qui atteignent l'il. Nous sommes presque toujours capables de les rendre signifiants, de faire l'expérience de leur consistance. Beaucoup de psychologues pensent que cela est possible parce que le cerveau sélectionne inconsciemment des éléments stables, fiables, à partir du bombardement d'impressions sensibles. Dans la perception, c'est, comme dit Shannon de son code, "le nud de l'affaire". » Jeremy Campbell, Grammatical Man, Simon and Schuster, New York, 1982, p. 201.

6. David Hume, Enquête sur l'entendement humain, Flam-marion, Paris, 1993.

7. Héraclite, De la nature, fragments B XCI, XII, XLIXa, in Les Présocratiques, La Pléiade, Gallimard, 1988.

8. Dans Esthétique et Théorie du roman, Mikhail Bakhtine utilise l'idée du chronotope pour pénétrer les denses hiérarchies de la signification symbolique dans les textes basés sur le mouvement dynamique du langage à l'intérieur d'un cadre temporel fragmenté, tels les &laqno; textes hétéroglossiques » de Rabelais et de Joyce. Pour Bakhtine, le chronotope était une métho-de pour convoyer des agrégats particuliers du temps historique. &laqno; Nous donnerons le nom chronotope (littéralement "temps-espace") à la connexion intrinsèque de relations temporelles et spatiales exprimées artistiquement en littérature Dans le chronotope artistique littéraire, les indicateurs spatiaux et temporels sont fondus en un tout concret pensé attentivement. Le temps, comme s'il s'épaississait, prend chair et devient artistiquement visible. Cette intersection d'axes et cette fusion d'indicateurs caractérisent le chronotope artisti-que. » Mikhail Bakhtine, Esthétique et Théorie du roman, Tel-Gallimard, Paris, 1987.

9. Norman O. Brown, Love's Body, University of California Press, Berkeley, 1966, p. 161.




Reference: http://www.save-the-world.com/FORM/nomade/swac.htm